Contes carnivores

Je vais simplement vous raconter cette petite anecdote pour vous donner l’envie de dévorer les contes carnivores de Bernard Quiriny. Un recueil exquis d’histoires courtes très déroutantes, bien écrites et faisant montre de l’imagination pantagruélique de l’auteur. J’avais commencé le livre depuis quelques temps et étais prise d’une envie fébrile de le partager mais je n’avais que mon frérot sous la main. Rivé à son ordinateur portable, un smartphone sur le bureau, un iphone á la main, il sauvait une fois de plus le monde depuis son clavier… Je m’aventurai pourtant à interrompre ce superman des temps modernes.

–  « Frérot, il faut à tous prix que tu lises ce bouquin, il est super »
–  « Un livre ? Tu sais bien que je ne lis pas, je n’ai jamais aimé lire » (oui, l’homme est d’une espèce de cool geek, espèce bien répandue en ce 21ème siècle)
– « Mais vraiment c’est super bien, tu devrais le lire »
–  « Pas envie ni le temps de lire un livre, a fortiori un livre qui s’appelle contes carnivores, désolé »
– « Bon, je t’en lis une petite histoire »
–  « Purée, j’ai 25 ans, tu ne vas pas me lire un conte quand même ! »
– « Aller… »

Faisant fi de sa mauvaise volonté, je commençai à lire en page 31 l’histoire de l’Evêque de San Julian, une histoire haletante d’évêque à plusieurs corps. Frérot faisait semblant de continuer à pianoter sur son ordinateur mais je cru déceler un ralentissement de la fréquence des cliquetis. Lorsqu’en plein milieu de l’histoire, l’œil malicieux, je fis mine d’arrêter de lire en lui disant « je vois que cela ne t’intéresse pas, j’arrête, désolée de t’avoir embêté » ; mon cadet me lança un regard mi-noir mi-désespéré et répliqua : « maintenant que tu as commencé, tu ne vas tout de même pas arrêter !!! »

Depuis, chaque fois que je sors le livre (je fais un peu exprès de le sortir quand il est dans les parages), mon frérot se rapproche, s’installe confortablement, et me dis, l’air de rien : « je ne fais rien là, tu peux lire fort si tu veux, ça m’occupera ». Je souris intérieurement et reprends ma lecture à voix haute.

Voilà comment je me suis remise à lire des contes à mon frérot de 25 ans.

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