Une mort très douce

Ce livre là m’a pour plusieurs raisons, filé un intense mal d’estomac quasi ulcéreux.

Le livre raconte les derniers jours de la mère de Beauvoir et les rapports que Simone de B. entretint avec sa mère… et dans chacun des livres que l’on choisit on recherche un petit écho de sa propre vie.

L’écriture de Simone de Beauvoir est bien entendu sublime, mais j’ai eu une désagréable impression de voyeurisme en lisant ce livre qui me parait relever de la plus précieuse intimité. L’écriture est un excellent outil de thérapie, elle permet de voir clair en nous, c’est un fait. Il faut se mettre à nu pour se comprendre, c’est également établi. Cependant, doit-on tout livrer au public ? Où commence l’exhibitionnisme ? Que reste t-il d’intime ? Question très actuelle à l’heure des réseaux. Simone de B. était-elle une facebookienne avant l’heure ? Ce livre montre en fait aux apprentis griffonneurs à quel point ils sont loin de l’Écriture. La vrai, celle oú l’on se dévoile ou l’on se livre entièrement sans peur du regard, du jugement. Sans fausse pudeur. Voilà la véritable leçon de ce livre. Car la page blanche est un des endroits ou mentir est un crime, c’est se renier soit même.

Je n’ai pourtant pas pu m’empêcher de voir parfois en Simone de B. un « médecin » de plus. Ce ceux qui s’acharnent et veulent diagnostiquer à tous prix. Elle, c’est en sociologue, en tant qu’analyste des personnalités qu’elle exerce son art. Même dans les pires moments, elle dissèque les caractères et analyse les réactions. A quel moment vit elle simplement le moment présent ? A quel moment vit-elle tout simplement des derniers souffles de sa mère ? (mais qui suis-je pour la juger ?)

 « Parce qu’elle était ma mère, ses phrases déplaisantes me déplaisaient plus que si elles étaient sorties d’une autre bouche »(…) « Ainsi nous paralysions nous mutuellement. « 

« Dur travail, de mourir, quand on aime si fort la vie »